Expérimenter le sud bolivien.

Publié le par Emilie et Loïc

Encensé pour ses grandes étendues désertiques, la réputation du sud-ouest bolivien n'est plus à faire; Le désert de sel d'Uyuni ainsi que le sud Lípez constituent pour beaucoup de voyageurs en Amérique du Sud le but ultime, l'aventure en soi.

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Point de départ, la ville d'Uyuni, autrefois carrefour ferroviaire d'importance. Arrivant de Potosi à bord d'un bus défraîchi, à 19h, ... on est vite plongés dans l'ambiance de cette ville-fantôme, qui ferait le décor parfait d'un western. On est ici au milieu de nulle part, dans une ville crééé d'ailleurs de toute part il y a plus d'un siècle: rues désertes, balayées par le vent, plan en quadrillage, quelques âmes qui vivent,... Vite ! Un hôtel ! Mais pas de quoi se réconforter non plus côte hébergement: la température des chambres ne dépasse pas les 12 degrés, et l'eau de la douche sera chaude demain nous dit-on...
Pour s'aventurer dans les grands espaces, une seule solution: participer à un tour organisé par une agence. Les critiques à l'égard de certaines sont tellement virulentes que l'on ne voulait pas se jeter sur la premiere venue; Pourtant, il est bien difficile de faire le tri car toutes proposent, à la virgule près, la même chose. Finalement, après avoir pesé le pour et le contre, nous avons jeté notre dévolu sur "Cordillera Traveller", agence recommandée par notre guide et par d'autres français.

- Dimanche 20 mai, Jour J, 11h30: après nous avoir fait poireauter une heure, notre agence bien-aimée nous informe que nous sommes les deux seuls participants et décide de nous caser dans le 4x4 d'une autre agence, inconnue au bataillon, à qui il restait comme par hasard deux places. Chouette ! Toute cette réflexion pour rien ! Un conseil: si on vous dit que deux Suisses doivent arriver de La Paz en bus, ne le croyez pas ! Ils ont tous le même argument !
Nous voilà donc partis, accompagnés de 5 autres touristes et d'un chauffeur, Octavio. A notre surprise, il n'y a pas la cuisinière prévue. Les sacs sont chargés sur le toit du 4x4 plus que fatigué pour ne pas dire en fin de vie. Allez, on y croit  !

- 1ère étape, un arrêt au "cimetière des trains", en sortie d'Uyuni, où d'antiques locomotives rouillées témoignent d'un passé définitivement révolu.

- Enfin, à 13h, nous entrons sur le salar tant attendu. Les véhicules semblent flotter au loin...Du blanc, du blanc partout. Il s'agit de la plus grande étendue de sel à ciel ouvert du monde, grande comme deux départements français et vestige d'une ancienne mer intérieure s'étant asséchée. D'une blancheur immaculée, ressemblant au premier abord à de la neige, le sel forme des hexagones imbriqués les uns dans les autres. Quand on pose le pied dessus, on entend "scroutch"... Ce sel non iodé est exploité pour être commercialisé. Quel dur métier que d'amasser à la pioche de petites pyramides de sel, avec une telle réverbération (d'ailleurs, le salar serait visible depuis la Lune).
Le salar, paysage inédit pour nous, est ceint de montagnes et de volcans. Tantôt une île, fascinante, émerge de cet océan de sel comme pour briser cette magnifique monotonie. L'isla Incahuasi ( la maison de l'Inca, en quechua) est peuplée de cactus géants centenaires voire millénaire.

Le paysage est tellement envoûtant qu'on aurait aimé le traverser de part en part, à pied ou en vélo comme ces deux courageux que nous avons croisés. A nous, une seule heure et demie sera accordée; Cela nous laisse juste le temps de nous dégourdir les jambes et de prendre quelques photos à l'illusion d'optique toujours réussie... Tout semble à la fois proche et lointain. Mais on ne rattrape pas le temps perdu... Prétextant une longue route, notre chauffeur nous presse de repartir, oubliant que c'est lui qui est parti en retard... Nous quittons donc le salar, enchantés et déçus à la fois.

- Notre première nuit eut pour cadre un hôtel intégralement bâti en briques de sel: des murs aux lits en passant par les tables, les tabourets et les bougeoirs ! Cela nous a permis de prolonger un peu l'ambiance "salée" ! De plus, il n'y faisait pas si froid: 12 degrés. Comble néanmoins: à table, il n'y avait pas........... de sel !

- Le lendemain matin, notre 4x4 semble s'être encore un peu plus rapproché de la fin de sa vie... Bien sûr, dans ces cas là, il ne faut pas espérer la moindre tentative de communication de la part des Boliviens. On finira par comprendre que notre équipée doit changer de véhicule mais aussi de chauffeur (qui n'est surtout pas un guide! )
Nous voilà repartis vers de plus hautes altitudes. S'en est fini du sol lisse  du salar... Désormais, c'est piste, cailloux et cahots du Lípez. Après le mirador du volcan Ollagüe (où Victor  nous accorde, ô bonheur, 10 min d'arrêt), nous enchaînons les lagunes multicolores, toutes plus photogéniques les unes que les autres. Dans ces déserts d'altitude, ces réserves de vie abritent des myriades de flamants roses, mais aussi des rapaces, des renards et d'autres troupeaux de vigognes. Les couleurs sont explosives : bleu du ciel, rouge ou soufre des volcans, blanc du sel et reflets argentés des lacs. On nage en pleine carte postale. Il faut venir jusqu'aux sublimes mais éloignées lagunes Cañapa, Chiarkota, Honda ou Colorada pour y admirer les dégradés de couleur se refléter dans les eaux et se mélanger en un ton parfois inédit. Chaque lac est un monde à part. 
- A 4280m d'altitude, nous appréhendions notre seconde nuit dans un refuge spartiate, sans eau ni chauffage. Malgré les 8 degrés du dortoir, nous avons passé une nuit pas si désagréable grâce à nos duvets. Emilie a trouvé une astuce: remplir d'eau bouillante sa gourde en métal pour en faire une bouillotte...A chacun sa stratégie!

- Mardi 22, 5h, départ: Nous comprenons immédiatement notre douleur; Avec -15 à l'extérieur et une température en dessous de zéro dans le 4x4, nous avons mis plus d'une heure et demie à nous réchauffer. Notre aimable chauffeur (plus rustre, tu meurs!) a bien entendu refusé de mettre le chauffage, trop absorbé à maintenir une trouée dans le givre du pare-brise pour y voir clair (dégivrant ou carton, ils ne connaissent pas!).

- A 6h nous sommes arrivés, quasi-congelés, aux geysers Sol de Mañana (soleil du matin, mon oeil !) où de la vapeur à 200 degrés (ici, c'est soit trop chaud, soit trop froid) s'échappe du sol, témoin d'une forte activité volcanique, dans la froidure d'un air vif, à 4900m d'altitude. Pardonnez-nous pour l'absence de photo, mais on avait vraiment pas le courage de sortir du 4x4 !

- Toujours aussi pressé de se débarrasser de nous, Victor nous a fait traverser le désert de Dali (clin d'oeil au peintre catalan qui s'en serait inspiré pour l'un de ses tableaux), ses sculptures rocheuses et ses pastels d'ocre, de rouge, d'orange et de jaune à toute vitesse pour nous mener vers la Laguna Verde. Ce dernier site est fabuleux : un lac, joyau d'émeraude, néanmoins trop acide pour que la vie s'y développe, au pied d'un volcan à la forme parfaite, le Licancabur, sacré pour les habitants de l'Atacama, au Chili. Mais cette fois, c'est la  rigueur d'une bise pénétrante qui aura raison de nos velleités.

- Après de multiples péripéties pour sortir de Bolivie (genre le 4x4 qui fume côté passagers), nous finissons tant bien que mal par rentrer au Chili (OUF !), par San Pedro de Atacama. Bien que redescendus en altitude, nous n'aurons pas plus de chance de l'autre côté de la cordillère, car une tempête de sable s'était levée our nous accueillir !

Alors, le Salar d'Uyuni et le Sud Lípez, point d'orgue d'un voyage en Amérique du Sud?

Voici notre avis: si les paysages sont réellement époustouflants, enchanteurs, hallucinants, la traversée motorisée à toute vitesse ne peut que vous laisser sur votre faim, même s'il est vrai qu'ici commence la saison la plus froide, ce qui peut vraiment décourager les plus motivés.
Mais si les agences continuent de traiter les touristes comme du bétail, la route des Bijoux (Ruta de Los Joyas) ne brillera bientôt plus d'un seul carat auprès des routards !

Publié dans Amérique du Sud

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E
<br /> Vu vos compteurs qui explosent, en particulier celui des températures, je me dis que ça pourrait faire l'objet d'un exercice intéressant pour les 6èmes (dans le chapitres sur  les climats). Eh bien plutôt que de leur faire calculer l'amplitude thermique de je ne sais quelle ville du monde, on peut leur faire calculer l'amplitude thermique de votre tour du monde!!!<br />  <br /> <br />
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E
Coucou les amis!<br /> Merci pour ce superbe article et ses photos sublimes! J'adore celle où Emilie tient Loïc dans sa main! Quelle coïncidence, votre chauffeur se nomme Victor, comme celui qu'on avait eu pour aller à Barreal, et visiblement ils sont aussi bons l'un comme l'autre! Votre excursion me fait penser à la pampa argentine avec tous ces cactus! <br /> Je pense bien à vous! Grosses bises<br /> Elo<br /> p.s.: pour vous réchauffer, vous pouvez toujours chanter la super chanson d'Annie Cordy.....hihihihihi
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A
Salut Loïc et Emilie,<br /> Encore merci pour le dépaysement de vos photos.<br /> Le Chili est magnifique avec ou sans sel!<br /> Je vous embrasse et pense à vous. A bientôt!<br /> Agnès halliez.
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F
Aie aie aie ! Que de beaux paysages ! Comme quoi on ne se satisfait jamais des paysages qui nous entourent quotidiennement ! Continuez à profiter et nous nous retrouverons dans quelques dizaines de jours en n'arrêtant pas d'échanger nos souvenirs... A bientôt les Amis !
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